L’homme qui voulait flotter dans l’instant (ébauche pour Trois)

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De ses yeux, il se regarde. Penser pour deux, c’est perdre son intégrité. Il navigue entre les extrêmes et s’y complaît. Etrange situation.

Avec du recul, il réalise qu’il se perd. Il ne pense plus pour lui-même et s’en retrouve du coup moins organisé. Il pense tellement mal qu’il bouillonne. Il retrouve ces heures angoissées, les yeux grands ouverts, à fixer le néant. Ca, il le faisait déjà seul, mais il le faisait mieux. Accompagné, il pense à des choses creuses. A des frustrations d’homme, à des quiproquos, à des malentendus. La complaisance.

Il redevient vide et banal, à se laisser guider par des états d’âme qui ne sont pas que les siens. Là, il bouillonne. Ses idées roulent en Ferrari sur les autoroutes de sa cervelle qui n’offrent plus aucune aire de repos. Elles roulent vite, tellement vite, à ne plus les voir passer. Et elles finissent par imploser, sans que personne n’ait eu l’occasion de les croiser. Triste deuil que la mort d’une idée seule.

Il bouillonne. A l’intérieur, ça chauffe et ça pète, comme une cafetière sur une gazinière. Tout disjoncte. C’est Francorchamps dans sa tête. Où courent-elles et pourquoi disparaissent-elles aussi précipitamment, peut-être le savent-elles. Lui, non. Il est un récipient. Un bol, ou un vase qui se laisse décorer. Avec des fleurs fanées. Il n’y a rien d’autre que la fatalité. Rien à ajouter, se dit-il.

Il est debout, carnet en main, et il attend… Il attend que les idées viennent mais elles sont trop occupées à s’affoler pour… Pour quoi en fait ? Il est blasé. Résigné. Il ne sait même pas pourquoi il s’obstine encore à être ici ou là. Il veut vivre sur une autre planète, où le poids des cultures n’est pas aussi lourd. Où son histoire ne connaît pas de passé. Il veut flotter dans l’instant, mais comment faire sans se foutre en l’air ?