Les gens de nos légendes

La décadence de notre monde s’écoute ici.

Les gens de nos années sont de légendes nées
Cent idées dépourvues de trace contiguë
Au travers des âges voyagent inconnues
Glissent dans nos âmes un rêve immaculé

Pressé par nos ainés, pansé, presque oublié
Ce rêve a pour vertu de faire vérité crue
Due, sue, bue comme jus à l’odeur si goûtue
Qu’à demi les nerfs firent trois cris oubliés

Le premier pour antan : mélopée désuète
Le second maintenant : notre obsolète quête
Le dernier en avant : espoir dans un miroir

Les gens de nos légendes à jamais célèbrent
Les mil tiroirs sans fond qui comblent nos histoires
Illuminant des ombres sorties des ténèbres

des-menaces-depuis-les-caricatures-de-mahomet

Herbin, l’anthroposophie et moi

auguste-herbin-symchromie-en-noir-c1939-n-2647085-0Amis lecteurs, bonjour.

Voilà quelques semaines que je n’ai pas pris la peine de remplir les pages de ce blog. Le temps nous rattrape bien souvent et il est parfois difficile de tenir une routine littéraire quand cette dernière se fond au milieu d’autres activités. Entre la musique qui m’occupe toujours autant, les déplacements et divers travaux liés à mon travail (souvenez-vous, j’en parlais ici), et un déménagement et les plaisirs qui y sont associés, je reprends petit à petit mes marques et en profite pour recadrer mon mode de vie, laissant au passage plus de place à la création. S’il est encore pénible pour moi d’écrire dans ce nouvel appartement, c’est parce que l’espace n’y est pas encore tout à fait consacré, et parce que j’ai préféré à mon arrivée troquer mon stylo contre des crayons. La raison ? Au croisement de conversations venant de tout horizon, j’ai retrouvé la maxime qui suit :

Ce qu’il faut, c’est donner du sens.

Le sens qui m’est propre, c’est la recherche. L’attrait pour le Beau, pour l’Expérience et pour le Mouvement. Vivre figé n’est que survivre ; appréhender des émotions neuves et inconnues, c’est déjà aller de l’avant. Pour cela, il faut expérimenter. Faire des choses que l’on a jamais faites. En ce qui me concerne, il y a entre autres une approche du dessin que j’ai découverte il y a peu dans l’excellent musée Matisse de Cambrai. On y trouve bien évidemment les oeuvres de Henri Matisse, oeuvres qui valent déjà le détour, mais aussi celles d’artistes fauves et cubistes tels qu’Auguste Herbin (vous aurez aussi sûrement pensé à Picasso et vous avez raison). Très présent pendant la première moitié du 20e siècle, son travail trouve encore de nombreux échos aujourd’hui. Assurément inspiré par l’anthroposophie de Steiner, créateur du mouvement voué à « définir » la science de l’esprit,  Herbin a cherché pendant une partie de sa vie à établir un langage universel en associant physique et psychique. Au commencement était le verbe, emprunte-t-il à Saint-Jean avant d’ajouter : Pour la peinture, nous avons maintenant les mêmes possibilités avec les lettres dans leurs rapports avec les couleurs et les formes. Pour aborder cette idée, il suffit d’observer l’alphabet qu’il a développé, socle d’une série d’impressionnantes créations.

09-alphabet-plastiqueVous l’aurez vu en note, cette alphabet a a priori été finalisé en 1942 après bientôt 40 années de carrière (notons au passage que je n’évoque dans cet article qu’une petite partie de son oeuvre). Ce tableau met en évidence la base même de ses compositions : à chaque lettre sont associées une forme, une couleur ainsi qu’une note de musique. L’un des plus beaux résultats de cette chimie est certainement le vitrail Joie, d’une hauteur de 5m50 pour 3m60 de large, dont la réplique est exposée au musée Matisse.

musee-matisseDerrière ce travail se cache une approche ésotérique de la représentation d’une émotion. Les plus curieux pourront, s’ils le trouvent, se procurer son livre, l’art non figuratif non objectif, pour obtenir plus d’explications sur le sujet. Toujours est-il que ses tableaux transcendent comme peu d’autres et que l’abstrait a rarement été aussi évocateur. La musique m’a appris que les choses les plus belles étaient bien souvent les plus simples, les plus logiques. Herbin nous aura démontré la même chose par le dessin : il n’est guère nécessaire d’user de formes composées de plus de quatre lignes pour obtenir un résultat saisissant. Suivant ces consignes, je mets donc la main à la pâte depuis quelques semaines. Ce que j’ai appris depuis ? A approcher ma réflexion sous un autre angle. A transposer des idées en formes plutôt qu’en mots. Je continue à rater des projets, et c’est tant mieux : j’apprends. Je vous avais déjà invité à en faire autant (ici par exemple) et ne peux que continuer à aller dans ce sens.

Avant de conclure cet article, je tiens à préciser que La Routine d’un Marvin change légèrement de formule pour s’adapter à mon style de vie plutôt incertain : n’étant en mesure de me tenir à une routine stable, je posterai désormais les futurs articles en fonction de mes envies et de mes disponibilités et non plus chaque jeudi. J’ai écris plus tôt que la contrainte transforme l’artiste en artisan et je ne veux pas tomber dans ce piège. J’écris et créé avant tout pour moi, et le faire pour un autre ne fait que parasiter mon fonctionnement. On a parfois envie d’être un autre homme pendant quelques jours, voire quelques semaines, voire pour toujours, et j’ai encore envie de m’accorder ce plaisir. Je vous dis donc à très vite au détour d’autres lignes qui relateront très certainement une récente aventure en pleine mer à bord du Rara Avis, un trois-mâts où j’ai eu le plaisir de passer une semaine intense en compagnie de 34 autres personnes…

See you soon !

Chez lecteurs,

Je vous dis une fois de plus à bientôt, puisque je pars ce dimanche pour une semaine de navigation à bord du Rara Avis en compagnie de quelques collègues et d’une bande de jeunes en pleine forme, espérons-le. Au programme : improvisation. Nous n’avons que peu d’informations sur notre destination et notre chemin. Voilà en tout cas une petite photo qui donne déjà envie…

showphotoToutes les informations sur le bateau, et même notre position en temps réel, sont à retrouver sur CE SITE.

J’en profiterai avant pour accompagner une nouvelle fois sur scène la talentueuse Lisa Cuthbert, cette fois à Wépion, en Belgique. Comme d’habitude, je vous invite à aller jeter une oreille au projet en cliquant sur son nom, ou éventuellement en visionnant directement cette vidéo :

Dernière petite info en vrac, je vous écrirai bientôt de mon nouveau chez moi, puisque je déménage dans la foulée pour un coin un peu plus tranquille. De quoi trouver encore plus d’occasions de vous écrire ! A très vite donc !

Mais qu’attendons-nous ?

Cette semaine, il a plu du Etienne Chouard sur tous les réseaux. Un homme qui critique ouvertement La Sainte Démocratie « en direct » sur France 2, ça ne pouvait pas passer inaperçu. Parait-il que les vidéos aussitôt relayées sur la toile ont en grande partie été censurées. Est-ce important ? Pour ceux qui n’ont pas encore eu l’occasion de la voir, en voilà des restes :

Sans pour autant vouloir donner raison ou tort à M. Chouard, il me semble que certains points qu’il se risque à soulever sont incontestablement dignes d’intérêt et, comme souvent, reniés maladroitement par l’adversité. Soit, nous ne nous attarderons pas sur les ricanements de Jacques Attali. Il m’incombe ici de ne pas entrer dans le verbiage pseudo-politique qui consiste à s’offusquer dès que l’on propose de changer les traditions.

Une de ces traditions qu’Etienne Chouard nous invite à briser est celle du vote. Voter pour une idée plutôt que pour un homme, j’en ai déjà parlé dans cet article et je vous invite à y jeter un oeil pour plus de précisions. J’imaginais bien que je n’étais pas le seul à y penser, mais les larges contributions d’Etienne Chouard et de son entourage montrent bien que la popularité d’une telle idée devient palpable. En témoigne par exemple cette réflexion sur une nouvelle constitution proposée sur wikipedia, écrite par qui le veut au bénéfice d’un système curieux et novateur. Le vocabulaire reste précis et le projet audacieux, mais il n’en est pas moins intelligent.

« En démocratie, nous voterions nos lois nous-même ». Est-il vraiment nécessaire de s’étendre sur cette remarque, tant elle est évidente ? Quant aux banquiers que l’on devrait enfermer, aux similitudes entre les courbes de passage à la télévision et les résultats aux élections (les résultats du CSA se trouvent ici), aux banques qui achètent les journaux, je n’ai aujourd’hui plus rien à en dire. Tout se passe comme prévu dit si bien Etienne Chouard. Il me semble que plus rien ne nous étonne, que nous pardonnons tout en attendant que la vie change. On ne croit plus en l’homme politique, aux chiffres qu’il nous assène et à ses discours rangés. Alors on patiente. Mais qu’attendons-nous ?

Ce qu’il nous manque, c’est peut-être un nouveau guide de la révolte pratique…

Un petit tour de magie…

– L’homme a tendance à appeler ‘extraordinaire’ ce qu’il ne comprend pas. Bien des choses qu’il considère comme tel ne le sont pourtant pas plus que les machines qui servent notre intérêt chaque jour […]. Voilà donc qui expliquerait ce que l’on nomme naïvement ‘magie’. Vous savez d’ailleurs que c’est par ce mot que les indiens d’Amérique désignaient les gadgets des colons anglais. C’est le travail du magicien que de cacher l’évidence des choses pour ainsi créer dans l’esprit du spectateur une rupture dans la continuité de la logique, faisant par cette astuce apparaître la magie. Cette dernière n’est autre que le fait de cette rupture, l’absence de justification d’un lien entre une cause et sa conséquence. Bien des objets devenus communs dans notre société comportent cette particularité, seulement nous avons étés éduqués entourés par ces objets et la magie que d’autres civilisations pourraient y découvrir n’est qu’une banalité, toutefois souvent inexplicable, à nos yeux.

– Alors que considérez-vous comme magique ?

– Si l’on ne considère pas le sens religieux de ce concept, alors je vous répondrai : rien. La profonde rationalité du monde dans lequel nous nous entêtons à vivre depuis si longtemps me pousse à croire que tout est explicable, définissable et logique. Nous n’en avons tout simplement pas encore tous les moyens, si tant est que nous puissions hélas les avoir un jour.

– Et l’occultisme ?

– Jusqu’aujourd’hui, je n’y vois qu’un ensemble de superstitions pensées par des peuples aux rituels spirituels et donc purement imaginaires, ou par d’autres qui ont développé une science différente et moins rationnelle que la nôtre. Notre civilisation a elle aussi connu ses ères d’aveugles mystifications, de croyances naïves, le tout pour donner un ordre et une raison à l’existence. Ce sont, la plupart du temps, les dieux à qui l’on a donné ce rôle.

Capture d’écran 2014-09-04 à 00.40.51– J’admets qu’une science peut être différente de la nôtre, mais le terme rationalité ne peut avoir une valeur objective. Ce que vous désignez par ce mot n’est autre qu’une profonde conviction que ce que l’on vous a transmis au sein de notre civilisation est juste, indiscutable et universel. La magie n’existe peut-être pas comme vous l’avez si bien démontré, mais le manque de raison, d’esprit, d’élévation est une maladie qui s’est propagée au-delà de l’individu et qui a touché les masses. Penser ne veut maintenant plus dire ‘nourrir la réflexion, s’élever au-delà de sa propre conscience, de celle de l’humanité, chercher à comprendre ce qui est’ mais est vulgairement devenu ‘avoir quelque chose en tête’. L’humanité d’aujourd’hui a quelque chose en tête… Il fut un temps où elle baignait dans la curiosité, où elle rêvait , quoique timidement, à l’impossible, rêves dans lesquels elle frôlait les astres du bout des doigts, où elle rendait visible l’invisible, où elle découvrait qu’elle n’était rien et qu’elle pouvait être anéantie par moins qu’elle. Puis le rêve devint autre chose. Dès l’instant où – après des années de luttes contre les morales esclavagistes, les oppressions et autres freins, après les grandes guerres, les génies téméraires et autres catalyseurs, – dès l’instant où il devint cet autre, l’humanité cessa d’être ce qu’elle était. Et, poussées par cet élan soporifique que vous nommez rationalité, les générations intellectuelles et courageuses, les esprits futés et visionnaires s’endormirent, laissant place à la désuétude la plus complète et insensée dans laquelle nous sommes désormais plongés.

– Que dites-vous ? La science n’a jamais fait aussi grand pas de toute son existence que ces quelques dernières années ! Que dites-vous de ces Bohr, De Broglie, Schrödinger qui ont contribué à la vision du monde que nous connaissons aujourd’hui ?

– Comme vous venez de le préciser, ce n’est qu’une vision possible du monde qu’ils ont imaginée et fabriquée de toutes pièces. D’aucun ne niera leur talent, pas plus que leurs géniales hypothèses – pardonnez-moi de ne pas employer ici le terme découvertes ; néanmoins, je persiste à croire que les sciences, en particulier la physique que vous citez ici, sont devenues bien plus abstraites que nombreux arts malgré les applications matérielles généreuses que l’on en dégage.

– Et notre civilisation se porte à merveille en dépit de cela, n’est-ce pas ?

– Elle fonctionne, tout au moins. Comme un homme atteint d’un cancer, curable, espérons-le.

– Un cancer, dites-vous ?

– Exactement. L’humanité a franchi un cap important ces derniers siècles, il est vrai. Mais elle s’en est trouvée fière et satisfaite, à son plus grand malheur. Elle ne cesse depuis de se gaver d’inutilités plus grotesques les unes que les autres, engraissant de ce fait l’âme humaine. L’individualisme que tant de penseurs ont si longtemps espéré a été réduit en un tas de petites choses futiles qui, par leur fonctionnement, par leurs attraits addictifs, par leur simplification générale – et donc par la perte progressive – des valeurs qu’elles empoisonnent, ont fait de la pensée un ensemble de contraintes ne laissant plus sa place à l’intellect […].

ob_5abb2562a84b489a5fd428ba148a0beb_img-1056– Mais j’imagine que vous parlez de choses qui font désormais parti de notre culture. Ce sont des acquis que l’on ne nous interdit pas d’utiliser, pour notre propre plaisir.

– C’est bien là le problème. L’intégration de ces biens, plus ou moins serviables selon le cas, a fait que notre société les a adoptés comme base d’une nouvelle culture pour les générations naissantes. Et par voie de conséquence, on aura bientôt définitivement rejeté la vraie notion de pensée […]. Dites-moi, selon vous, qu’est-ce qui caractérise le travail du musicien, du peintre, ou de l’écrivain ?

– Et bien… Je dirais la patience, l’apprentissage des techniques.

– Ce n’est qu’une infime partie de son travail, j’en ai peur. Nombreux sont ceux qui maitrisent les techniques même les plus complexes. En revanche, rares sont les créateurs de mondes, les innovateurs, les précurseurs. Une oeuvre ne peut être reconnue comme telle que lorsqu’elle témoigne, non seulement de la volonté d’atteindre, ou plutôt d’approcher la beauté, mais surtout d’une réflexion sur ce qui fabrique l’histoire et les mentalités, les sciences et les symétries, les morales et les politiques, les religions et les guerres… Voilà qui regroupe les affres de l’humanité si l’on y ajoute la sensibilité.

[…]

– Pardonnez-moi d’interrompre aussi brutalement cette conversation, mais il faut absolument que je sache si l’un d’entre vous aurait un quelconque lien avec un certain Monsieur Shelvebury.

Tous les regards faisaient signe de négation à l’exception de celui de Philip.

– Si l’on en croit les on-dits à son sujet, répondit-il, c’est un homme seul et mystérieux. Il vivrait isolé et ne fréquenterait aucun lieu ni personne. Certains vont jusqu’à prétendre, après l’avoir aperçu, affirment-ils, non loin de sa demeure, qu’il n’a pas de visage.

– Ah ! Grotesque fable que voilà, lança Henry sans hésiter. Eh bien, dites-nous très cher, qu’est-ce qui vous amène à introduire ce personnage loufoque ?

– Oh… J’avais juste entendu quelques rumeurs aussi sottes.

– Vous aviez pourtant l’air bien plus solennel au premier abord, insista Henry.

– C’est que l’on a rarement l’occasion de côtoyer un monstre ailleurs que dans un livre, n’est-ce pas ? conclut Philip en plongeant curieusement son regard dans le mien.

L’homme qui voulait flotter dans l’instant (ébauche pour Trois)

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De ses yeux, il se regarde. Penser pour deux, c’est perdre son intégrité. Il navigue entre les extrêmes et s’y complaît. Etrange situation.

Avec du recul, il réalise qu’il se perd. Il ne pense plus pour lui-même et s’en retrouve du coup moins organisé. Il pense tellement mal qu’il bouillonne. Il retrouve ces heures angoissées, les yeux grands ouverts, à fixer le néant. Ca, il le faisait déjà seul, mais il le faisait mieux. Accompagné, il pense à des choses creuses. A des frustrations d’homme, à des quiproquos, à des malentendus. La complaisance.

Il redevient vide et banal, à se laisser guider par des états d’âme qui ne sont pas que les siens. Là, il bouillonne. Ses idées roulent en Ferrari sur les autoroutes de sa cervelle qui n’offrent plus aucune aire de repos. Elles roulent vite, tellement vite, à ne plus les voir passer. Et elles finissent par imploser, sans que personne n’ait eu l’occasion de les croiser. Triste deuil que la mort d’une idée seule.

Il bouillonne. A l’intérieur, ça chauffe et ça pète, comme une cafetière sur une gazinière. Tout disjoncte. C’est Francorchamps dans sa tête. Où courent-elles et pourquoi disparaissent-elles aussi précipitamment, peut-être le savent-elles. Lui, non. Il est un récipient. Un bol, ou un vase qui se laisse décorer. Avec des fleurs fanées. Il n’y a rien d’autre que la fatalité. Rien à ajouter, se dit-il.

Il est debout, carnet en main, et il attend… Il attend que les idées viennent mais elles sont trop occupées à s’affoler pour… Pour quoi en fait ? Il est blasé. Résigné. Il ne sait même pas pourquoi il s’obstine encore à être ici ou là. Il veut vivre sur une autre planète, où le poids des cultures n’est pas aussi lourd. Où son histoire ne connaît pas de passé. Il veut flotter dans l’instant, mais comment faire sans se foutre en l’air ?

Rentrée, musique et expression

rentrée scolaire

En cette semaine synonyme pour moi de reprise du travail, j’ai aujourd’hui justement décidé de vous partager une partie de mes activités de formateur. Les quelques paragraphes qui vont suivre ne sont que des ébauches et appellent à être développés et partagés. Encore une fois, je vous invite à réagir autant que vous le souhaiterez et à compléter ou agrémenter les idées que vous désirerez, ce qui sera sans doute utile pour moi, pour vous, pour mes stagiaires et pour qui le voudra.

Pour vous donner le contexte, je travaille dans un centre de formation où les trois ‘L’ sont de mise (Long Life Learning) : nous accueillons tout public, de 18 à 65 ans, travailleurs ou non, afin de les aider à se former tout au long de leur vie. J’y enseigne pour ma part principalement l’anglais et la musique en plus d’accompagner un groupe de jeunes en situation d’insertion professionnelle. C’est donc dans un cadre plutôt large mais ciblé que je dois tenter de synthétiser les savoirs qui sont les miens.

hoc-tieng-anh-online-lesson-1Introduction au premier cours

Le but du module que je serai amené à présenter à la rentrée est d’introduire, par une approche musicale, au travail d’expression orale et corporelle. A travers un enseignement ludique, l’ensemble du cours a pour objectif de familiariser l’apprenant avec son corps et de lui faire prendre conscience de l’importance du rôle qu’il joue dans un contexte social comme professionnel. Que l’on soit en famille, entre amis, sur son lieu de travail ou à l’étranger, il est strictement inenvisageable d’évoluer en dehors du domaine de la communication dans lequel se trouve bien évidemment le langage parlé, mais aussi, on l’oublie trop souvent, la communication dite non verbale, c’est-à-dire tout échange n’ayant pas recours à la parole.

On est alors en droit de se demander comment la musique peut faire office de levier, de réponse aux freins que l’apprenant rencontre au quotidien à ce sujet. En réponse à ce problème, nous avancerons que, au même titre que le français, la musique est un langage. Elle est composée d’une grammaire à part entière dans laquelle se développe un vocabulaire organisé en ce que l’on pourrait comparer aux phonèmes (les plus petites unités portant du sens). Au-delà de ces règles intrinsèques, une partie du langage musical est elle aussi dirigée par la communication non verbale. Il s’agit par exemple des dynamiques (chuchoter ou crier / jouer doucement ou fort) ou de l’intention (l’émotion utilisée pour délivrer un message). Le lien avec l’instrument va permettre de comparer cette communication (verbale et non verbale) entre son interprétation musicale et son application au français et dans la vie quotidienne.

Pour des questions pratiques, je vous épargne ici les formalités et les exercices que vous aurez, j’en suis sûr, plaisir à travailler si vous assistez un jour à l’un de ces modules.

Startup-Lessons-2Partie du deuxième cours

Que se passe-t-il lorsque l’on parle ? Comment se fait-il que l’on produise du son et que l’on soit capable de l’entendre et de le comprendre ? Lorsqu’on fait l’effort de parler, nous mettons en oeuvre toute une mécanique interne, qui elle-même ne peut fonctionner sans l’aide d’éléments extérieurs, à commencer par l’air. En prononçant le mot « zouker« , vous commencez d’abord par placer les lèvres en fonction du son recherché tout en ouvrant la bouche de manière particulière, en prenant soin de placer et déplacer correctement votre langue, et enfin, vous faites vibrer (en expirant) vos cordes vocales qui auront le rôle de faire à leur tour vibrer l’air, vibrations qui seront captées, analysées et décodées par votre ou vos interlocuteurs.

Aussi, il est indispensable de contrôler chacune de ces étapes afin de bien se faire comprendre. Si trop peu d’air vibre (parce que vous ne parlez pas assez fort par exemple), alors le son émis sera moins puissant et parcourra moins de chemin, rendant ainsi votre message difficile, voire impossible à décoder.

Même si l’on en parle rarement (sûrement parce que l’on acquiert majoritairement ces habilités naturellement), le corps et la voix ont un rôle crucial dans la communication. Ils doivent tous deux être en accord avec le message que l’on tente de véhiculer, sans quoi son contenu s’en verrait altéré. Imaginez par exemple un homme hurler à sa femme qu’il l’aime tout en levant le poing devant son visage, étrange situation, non ? Il risque tout autant d’être fort difficile pour une mère de retrouver son enfant perdu sur une plage si elle est à genoux et qu’elle chuchote son prénom.

Une fois de plus, ces règles s’appliquent au langage de la musique. Il suffit d’observer les icônes du rock se déhancher et sauter sur scène, ou celles de la funk danser avec le sourire pour en avoir la preuve. Si elles ont gagné la célébrité, c’est parce qu’elles ont su partager à la foule un message clair avec une attitude adéquate remplie d’émotions. Ce cours n’a pas pour objectif de vous lancer dans une carrière de rock star (qui sait ?), mais plutôt de vous aider à apprivoiser votre corps et à appréhender vos émotions. En musique comme ailleurs, il est important de se comprendre et de se contrôler même dans les situations les plus délicates…

Le bain de conscience collective

Chapitre 1 : L’Ordre et Victoire
Chapitre 2 : La mort de Pépé
Chapitre 3 : En route vers l’Histoire

Joimour venait d’arriver au Stade Circulaire du Nouveau-Paris où elle devait retrouver sa famille. Il avait été convenu, pour accompagner le passage de Pépé, de communier dans un bain de conscience collective. Cette pratique, introduite juste après la Grande Transition par les académiciens de l’Ecole Réelle, avait communément pris part à l’utilité publique. Il s’agissait, même pour des raisons diamétralement opposées, de se réunir en une énorme masse humaine et d’y mélanger sa propre sphère émotionnelle à celle des autres pour n’en fabriquer plus qu’une, commune à tous, rendant presque palpable l’énergie ainsi créée. Alors que l’on associait jadis, sans alternative, la méditation à l’isolation et à la solitude, un groupe d’académiciens baptisés plus tard « Les Uniques Moines » avaient prouvé que l’énergie mentale existait matériellement et qu’elle circulait mieux en présence de groupes nombreux.

Alors que Joimour gravissait les marches en direction du rang H, les quelques trente-deux milles personnes présentes autour d’elle se turent soudainement. Les trois équipes qui avaient fait leur entrée au milieu du stade un peu plus tôt s’avancèrent respectivement le long des trois arrêtes de l’immense triangle qui dessinait les limites du terrain où elles allaient s’affronter dans quelques minutes. Au centre de ce triangle se trouvait un autre triangle dont chaque extrémité pointait le milieu des arrêtes du premier, délimitant les zones de jeu : le triangle central était la zone principale où pouvait agir chaque équipe alors que les trois triangles qui l’entouraient servaient de bases et de buts.

Stade-de-Beijing

Joimour continua son ascension et retrouva enfin sa famille, s’efforçant de respecter le règlement de la Ligue des Sports. Le Silence, c’était le nom de l’hymne international que l’on jouait à chaque rencontre sportive. Les murs d’enceintes reliés aux ordinateurs de la régie s’empressaient de diluer un bruit blanc, inaudible pour l’oreille mais tellement agréable pour l’âme, dès lors qu’on les leur commandait. C’était alors le début de la communion en conscience collective où l’individualité s’effaçait par transcendance pour laisser place au corps commun. Et l’on s’abandonnait, ni à soi, ni à l’autre, mais à tout. On prenait conscience de notre état latent et comprenait que l’on n’était rien d’autre qu’une infime part de l’ADN du cosmos, à la fois invisible et indispensable à l’existence de ce dernier.

Alors qu’elle sortait à peine de l’adolescence (qui avait été déplacée à vingt-cinq ans à l’occasion du passage à la Nouvelle Ere), Joimour commençait enfin à saisir les rouages de sa propre sphère émotionnelle. Après s’être exercée trois fois par semaine pendant l’intégralité de sa scolarité, après avoir appris les bases de la méditation individuelle, puis de groupe, après avoir étudié et expérimenté différents stades de conscience, elle commençait simplement à percevoir les contours de son existence. Au milieu du Stade Circulaire, au rang H, elle voyait, de manière toutefois encore floue, un fin voile presque en forme de bulle s’élargir autour d’elle, de plus en plus loin, de plus en plus vite. Bien qu’elle avait été formée à voir les sphères des gens autour d’elle, il lui était encore fort difficile d’accéder à cette chance, excepté en compagnie de Victoire. Pourtant, elle les sentait, là, se frotter contre sa bulle, l’exciter et s’y mêler.

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Si c’était plus facile avec Victoire, c’est parce qu’ils formaient à eux deux ce que l’on appelle un couple d’idéaux, c’est-à-dire qu’ils avaient le même âge à quelques jours près, qu’ils partageaient un type différent et qu’ils respectaient les traditions de l’Ordre depuis les prémices de leur éducation. Ces éléments liés favorisaient naturellement certaines prédispositions et beaucoup disaient ne jamais être aussi conscient qu’en compagnie de leur moitié. C’était le cas de Joimour. Le simple fait de s’imaginer avec Victoire l’aidait déjà à mieux apprivoiser son environnement grouillant de draps translucides qui se croisaient, se traversaient, se faisaient gonfler mutuellement. Et elle voyait le sien tantôt envelopper son corps, tantôt s’étirer jusqu’à l’autre bout du stade, tel un louveteau qui cherche l’aventure tout en s’assurant de ne pas quitter les yeux de sa mère.

Lorsque Le Silence fut achevé, la foule était en plein extase. Les six joueurs de chaque équipe prenaient respectivement place sur le terrain en saluant la foule pour gagner ses faveurs. Le match de soulball s’annonçait déjà palpitant au vu du nombre de spect-acteurs présents. Si l’on nommait les membres du public ainsi, c’est parce qu’ils étaient tout bonnement, comme indiqué, spectateurs et acteurs. Acteurs parce que c’étaient eux qui désigneraient bientôt un vainqueur, poussé à l’exploit par la conscience collective. Les trois équipes prêtes à s’affronter avaient, comme toujours, été scrupuleusement choisies par l’Ordre qui voyait en elles la représentation intrinsèque de trois émotions pures du peuple. Bien qu’elles étaient désignées pour le public par des chiffres, l’Ordre pouvait par exemple choisir de voir s’affronter la haine, la joie et l’angoisse. Ce soir, il avait été décidé d’analyser et de rééquilibrer les liens entre l’amour, la violence et la peur, et les équipes avaient donc été composées en conséquences. Il y avait dans l’équipe 1 aux maillots bleus six joueurs connus pour leurs qualités humaines et dont le maître mot était le fair-play. L’équipe 2, équipée de maillots rouges, comptaient d’énormes brutes au physique inquiétant. Quant à l’équipe 3, elle était vite reconnaissable pas seulement par leurs maillots noirs, mais tant les joueurs étaient chétifs et crispés. Mais qu’importent les apparences, puisque c’était le public qui allait orienter la rencontre par sa volonté commune. Alors que les joueurs étaient placés à leur poste respectif, les trois arbitres firent leur entrée sous les regards excités des spect-acteurs qui jetaient déjà leur sphère en direction de leur équipe favorite, puis l’un des maîtres de jeu siffla l’entame du match. Sans vraiment savoir pourquoi, Joimour sentit alors que ce soir allait être un grand soir…

Bonnes vacances !

Aujourd’hui jeudi, je viens vous apporter une triste nouvelle : vous n’aurez pas droit à votre article de la semaine prochaine, et celui d’aujourd’hui n’en sera pas vraiment un. Parait-il que c’est les vacances, alors j’en profite pour m’éclipser dans quelques heures, d’abord aux Pays-Bas en compagnie de Lisa Cuthbert (lien vers le site officiel) et de mes chers acolytes musiciens pour balancer 2 sets au Castlefest ; direction ensuite l’Ardèche pour une semaine de détente au soleil avant de relancer les hostilités un peu plus tard.

Pour ceux qui commencent à me connaitre, vous savez qu’il y a des chances que je rattrape l’article oublié à mon retour. L’avenir nous le dira ! En attendant, je vous invite à (re)visiter le blog et à y participer en le commentant ou en le partageant. Petit guide utile :

Notes sur différents voyages :
le covoiturage10 jours, 1 vie (en tournée)
l’ascenceur émotionnel

La vie à Roubaix :
Roubaix, ville de mes rêves
Dans ma rue

La vie de musicien :
l’argent et la musique
Mes débuts (partie 1)Mes débuts (partie 2)

Dernier roman en cours :
L’ordre et VictoireLa mort de Pépé
En route vers l’Histoire

Extraits de « Trois » :
Chapitre 8 (partie 1)
Chapitre 8 (partie 2)
Philip de Troy

En fouillant un tout petit peu, vous trouverez facilement d’autres thèmes, entre prose et poésie, au sujet du journalisme, de la politique, de l’écriture et de la littérature, et d’autres sujets plus ou moins sensibles… Il ne me reste maintenant plus qu’à vous souhaiter bonne lecture et d’excellentes vacances, en espérant qu’elles soient aussi palpitantes que s’annoncent les miennes. A très vite !

De la langue parlée…

On devrait s’organiser pour écrire plus. Partout, tout le temps. Et apprendre à prendre le temps. Tout arrêter pour prendre le temps, ralentir les idées qui fusent et ne pas les voiler par les banalités du quotidien ou par paresse. Il faudrait par exemple écrire un abécédaire de son entourage. Y décrire les gens qu’on aime et la façon dont on les aime. Je crois que c’est ce que l’on se dit le moins. On a le droit d’aimer sa femme, ou son mari, ses enfants et toute sa famille, mais on a rarement le droit d’aimer quelqu’un d’autre. Alors qu’on en aime des autres, et d’un tas de manières différentes. Autant qu’on en déteste. Et souvent – tout le temps ? -, on fait les deux à la fois.

On aime les autres pour ce que l’on voudrait s’aimer soi.

On n’aime une chose que lorsque l’on est prédisposé à l’aimer.

Il y a des périodes où l’on pense beaucoup mais où on n’écrit rien. On organise et trie nos idées, essayant de ne pas en perdre en route mais c’est peine perdue. A titre personnel, je m’en veux constamment de ne pas être plus productif. Pourtant, il faut savoir s’accorder du répit. Du temps perdu. Moi, je suis mal organisé, je n’ai pas de rythme, ou plutôt, pas de stabilité. Je navigue à travers les jours au gré du tempo de mon environnement qui évolue sans cesse.

Est-ce vraiment bon de vivre avec plusieurs Moi ?

Infinity-Time1Il y a tellement de choses à écrire. Tout est là, en nous, très clair quand on le ressent, prêt à être partagé, mais les émotions se transforment trop rarement en mots, ou plutôt en mots représentatifs de l’émotion pure. C’est un fait, les langues – le langage de manière générale, – tendent vers la simplification. Le langage de l’âme comme celui du corps sont eux aussi touchés par ce phénomène. Malheureusement, ils se voient progressivement effacés, oubliés, remplacés par un système de communication complètement différent dénué de partage d’énergie et remplie d’apparences véhiculées par le concept de « parole ».

La faute à nos égos / égaux.

670px-2011_pyramide_des_besoins_de_communication_d_apres_albert_mehrabianEst-il vraiment nécessaire d’utiliser la parole pour communiquer ? Définitivement, non. Elle est indiscutablement indispensable mais elle ne remplacera jamais, ne comblera jamais les vides laissés par l’échange non-verbal que l’on oublie depuis trop longtemps.

Et si l’on donnait des cours d’émotions ? Ou de relations ?

Alors pourquoi n’enseignerait-on pas ce langage avant qu’il ne disparaisse ? Pourquoi ne parlerait-on jamais d’énergie, de conscience collective, de contrôle quantique au cours de la scolarité alors que l’on vit dans un monde qui se fond et existe toujours plus dans la masse et dans le collectif ?