La vie musicale d’un Marvin – Episode 2

fur_tv_hero

Pour ceux qui auraient raté le premier épisode, la séance de rattrapage se passe par là

Mes cinq premières années dans le monde de la musique ont certainement été les plus sauvages. On joue le plus fort possible, le plus longtemps possible, et surtout sans boules Quies. Bah oui, on s’entend pas jouer sinon ! C’est surtout qu’à l’époque, on règle son instrument n’importe comment, et aussi parce qu’on aime se faire mal au crâne. On est des rockers ou on n’est pas des rockers ? Enfin, je m’en plains encore aujourd’hui… Le problème des bouchons bon marché, c’est qu’ils effacent une plage de fréquence beaucoup trop grande, ce qui donne l’impression que le son perd de son énergie. Une seule solution : investir dans des bouchons moulés, ou éventuellement se mettre à la bossa nova.

Mais ça, très peu pour nous. Nous, on tabasse. On fait vibrer les murs des voisins d’en face et très vite on fait même flipper leurs enfants en se mettant à hurler dans des micros. A l’époque, on expérimente un maximum et surtout, on se défoule. On avait déjà ramené notre matos chez des potes dont les maisons se souviennent sûrement de notre passage (deux portes vitrées cassées chez notre premier hôte, une porte arrachée du mur chez le deuxième, et un sol jonché de cadavres dans les deux cas), et on avait bien compris qu’on adorait ça. Je précise tout de même que nous n’étions pas responsables des dégâts occasionnés.

Screaming+Lord+Sutch+SLS

Après quelques galères, – certains voisins n’appréciant pas notre finesse nous avaient envoyé nos amis bleus à quelques reprises, – on a finalement trouvé un endroit où poser notre matériel et où jouer à fond sans gêner personne. Dure rupture dans ma relation avec ma batterie qu’il a fallut déplacer, mais pour me consoler, j’avais droit à une lumière tamisée ambiance concert très intimiste dans notre nouveau local (ce qui nous aidait aussi à oublier l’odeur dite de « cave à mamie« ). L’occasion pour nous d’envoyer la sauce régulièrement et de s’y croire un peu plus. Une salle où répéter, ça donne l’impression qu’on est presque un vrai groupe. Quand j’y pense, j’ai peut-être vécu mes instants musicaux les plus intenses dans cette pièce. Non pas que je n’en vis plus aujourd’hui, mais c’était un peu comme une première fois si vous voyez ce que je veux dire. Pour la petite histoire, après quelques longues années de séparation, j’ai récemment réinvesti les lieux avec mon fameux pote avec qui j’ai traversé tout ça. C’est beau non ?

C’est aussi cette époque qui a marqué un tournant dans ma vie musicale. A force de partager du son et d’en créer, on finit par trouver ses marques et on s’affirme dans un style. Pour moi, ça a été l’école du post. Post-rock, post-hardcore, post-punk, post-tout-ce-que-tu-veux tant que ça sonnait frais dans mes oreilles. J’avais certainement quelques années de retard en découvrant At The Drive-In, mais bordel qu’est-ce que ça m’a remué. S’il y a bien un groupe que je dois citer comme référence dans ma jeunesse musicale, c’est celui-là. Et puis j’ai vite baigné dans la scène actuelle. Pendant cette période, c’était Mutiny on the Bounty, Lack, Refused pour les plus connus, et c’est encore le duo à la base de ATDI qui est venu m’en coller une dans la tronche avec The Mars Volta. Bam, comme ça.

batman-slap-headerLeur premier EP et leurs deux premiers albums sont tout simplement géniaux. Certains iront creuser leur discographie plus loin, personnellement j’en resterai là. Toujours est-il que Jon Theodore, un de leurs batteurs, m’a bien retourné le cerveau et aura eu une sacrée influence sur ma vision de la batterie jusqu’aujourd’hui. Plus encore que le batteur de Daïtro et de Mihaï Edrisch que je ne pouvais pas ne pas citer. Il officie aujourd’hui encore chez Bâton Rouge et Ancre, deux groupes qui tournent dans ma playlist plus que régulièrement depuis quelques mois et que je vous recommande chaudement.

Ce sont donc ces batteurs, parmis des dizaines d’autres, qui m’ont aidé à forger mon caractère de tapeur de bambous. Notre petit groupe commençait à prendre forme et on en était arrivé à pouvoir faire tourner quelques titres en répèt’. En parallèle, je commençais de mon côté à apprendre le solfège rythmique, tout seul comme un grand. Quelques bouquins, un tas de sites internet et un bon pad d’entrainement et je pouvais enfin commencer à déchiffrer une partition. Pratique pour comprendre les rudiments et les subdivisions. Motivé comme jamais, je commençais à développer une méthode de travail et je continuais à m’acharner au quotidien. Malheureusement, la vie de groupe, c’est un peu comme faire ménage à plusieurs, mais sans le sexe (enfin normalement). Difficile d’allier les disponibilités de chacun, et surtout les caractères de chacun. Après quelques années de loyaux services, notre première aventure prend donc fin non sans peine, mais laisse au passage une porte ouverte à d’autres périples…

suspense1ha9

Une réflexion sur “La vie musicale d’un Marvin – Episode 2

  1. La Routine d'un Marvin

Laisser un commentaire