Ascenseur émotionnel : 3e étage

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Les idées fusent, les belles émotions avec, mais tout s’efface les seuls moments où j’ai le temps d’écrire. Il faudrait avoir l’opportunité d’écrire à tout moment, d’enregistrer ses idées aussi vite qu’on les pense. A cet instant, je suis vide. C’est à cause de la plénitude des évènements. Chaque chose est à sa place, et je consomme chaque chose. Je m’oublie et je vis.

C’est comme ça chaque fois que je traverse une période excitante. Autant dire que c’est régulièrement l’ascenseur émotionnel ces temps-ci avec tous ces déplacements. J’ai écrit le premier paragraphe ce week-end à Londres, et il y en aura d’autres à coup sûr lors de la tournée de la semaine prochaine. L’aventure de Brighton aura aussi certainement laissé des traces. En voici quelques unes.

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Samedi 22 mars, 17h10 (Brighton)
Je m’y attendais, l’Angleterre me fait encore du bien. L’inconnu sur fond de langue anglaise et je ne vis plus qu’au présent. Je n’ai pas envie d’écrire. Ecrire, c’est utile quand on s’ennuie, quand les jours se ressemblent. Ici, tout est neuf et frais. J’ai l’oeil attentif et l’oreille ouverte. Alors j’en profite…

Lundi 24, 0h26 (Roubaix)
Encore une fois, la simple idée d’aller me coucher me met la boule au ventre. A peine rentré à Roubaix et déjà l’angoisse me prend. J’ai peur d’être ici, dans cet endroit creux. En rentrant de Brighton, la déception s’est installée dès l’arrivée devant le tunnel, puis s’est décuplée de l’autre côté, avant d’atteindre son paroxysme à la simple vue des murs le long de la voie rapide que je connais. J’ai dit juste avant de sortir de la voiture : « je n’ai pas envie d’ouvrir la porte tellement je ne veux pas sentir l’odeur de ces rues« .

Il faut dire que ce week-end aura beaucoup touché. « Sometimes, you get the feeling that everything is just the way it has to be« . Ca, je l’ai dit à P., une russe qui a grandi en Australie, voyagé au Japon et ailleurs, et que j’ai rencontré l’après-midi même. On s’est rapprochés tout en parlant de linguistique, de spiritualité, de la vie, du présent, de choses dont on ne parle somme toute jamais. On en a parlé jusque cinq heure du matin, jusqu’à se perdre sur les galets de la plage de Brighton.

320px-Brighton_Beach_at_NightLa nuit a été belle et le week-end tout entier avec. J’ai voulu que la magie demeure, qu’elle remplace la triste réalité. Je vis pour ces moments. Mes yeux brillent déjà de nostalgie pour ces moments. J’ai aimé un tas d’inconnus pendant deux jours, adoré trois amis et musiciens, et j’ai éprouvé cet amour éphémère pour une inconnue à la belle âme. Je lui ai dit : « it’s funny how you look at people. It looks like you’re trying to take something from them« . Elle est intéressée, mais seulement par l’instant.

Il circule en ce moment tout un tas d’émotions en moi. Je les sens bouger dans mon ventre, dans ma poitrine, dans mes yeux. Si je ne les écris pas, c’est parce qu’elles sont bien trop fortes pour mon stylo, bien trop riches pour mon français. L’Amour n’a rien à voir avec ce que l’on en dit. Je ne peux pas écrire ces émotions, non, parce que je suis rentré à Roubaix. Ici, je ne suis pas. Ou plutôt, je suis peu. De Brighton, de l’auberge, de la venue, de ces rencontres, il ne me reste qu’un galet. Et j’ai mal à le regarder. Je l’aime ce galet, pour tout ce qu’il a ramené avec lui. Boule au ventre et yeux mouillés. Ce que c’est beau d’aimer. Ce que c’est rude d’aimer.

J’ai honte de ne pas savoir écrire les choses les plus importantes. Pourvu que mon corps et mon âme s’en souviennent. Il y en a tellement… Je me déçois formellement, mais j’admire ma quête du beau, du transcendant. Ces lignes sont si pauvres. La vie peut être si belle, mais pas ici. Jamais ici.

Une réflexion sur “Ascenseur émotionnel : 3e étage

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